9 octobre 2017

L'hypersexualisation de la femme noire,ultime tremplin vers la reconnaissance?

Mboté mes bénés!
J'espère que vous allez bien.
Je vous retrouve aujourd'hui pour un nouveau Bantutalk consacré à un phénomène qui me dérange pire encore qui me met en colère.
Cette semaine la coupe déjà pleine à débordée et après avoir eu une discussion dessus avec mes copines j'ai décidée d'en faire un article.

Il y a encore deux ans j'avais tous les réseaux sociaux en horreur, je ne disposait d'aucun compte ni Facebook, twitter, Instagram, Tumblr, Snapchat j'étais ce qu'on appelle un fantôme pour la plupart des gens de ma génération.
Puis j'ai décidée de m'ouvrir au monde pour rendre mon blog plus attractif j'ai décidée de me créer une page Instagram, seul réseau social que j'ai à ce jour.
Et j'ai beaucoup appréciée le concept au début, étant ce qu'on appelle une commère voir la "vie" des gens comme cela surtout celle de ceux qui ont une vie qui semble si "parfaite" c'est impressionnant.

Ce qui m'a également impressionnée après mes débuts sur Instagram c'était de voir à quel point la femme noire était mise en lumière, adulée contrairement à ce qu'ont voit dans le reste de la société où la femme noire est la laissée pour compte du monde de la beauté, celle qui subit un lynchage médiatique permanent y compris par ses pairs masculins.
Et bien sur Instagram, cette même femme est quasiment vénérée, de la mélanine à toute les sauces en veux-tu en voilà, du chocolat qui coule à flots, du Nigéria aux Etats-Unis en passant par les Caraïbes l'Europe n'est pas en reste non plus.

Des baddies
(femmes de rêve au maquillage parfait, un fessier imposant, un look irréprochable, des ongles de 10cm d'envergure, et cerise sur le gâteau une personnalité "atypique")
au teint chocolat, caramel, curcuma épicé il y en a, à profusion!

Et c'est vrai que c'est quelque chose que j'ai beaucoup appréciée au début, car j'avais des modèles auxquels je pouvait m'identifier rien que pour le makeup, pouvoir reproduire le leur, prendre les références des produits en sachant que cela m'irait et même pouvoir visualiser plus facilement ce que donnerait sur ma peau un tel produit sur le teint d'une baddie ayant un teint similaire au mien.
C'est un atout non négligeable et cela les marques l'ont bien compris car la plupart de ces femmes sont sponsorisées.
Mais ce n'est pas ce qui nous amènent ici.
Non ce qui nous amènent ici c'est la sexualisation accrue de ces femmes noires et au fond des femmes en général car des baddies blanches, asiatiques il y en a aussi, mais notre histoire est différente de ces femmes là et cette sexualisation a un impact bien plus néfaste sur la construction de notre héritage social noir que l'impact de la sexualisation des femmes blanches ou asiatiques sur les sociétés occidentales et asiatiques.
Quand on vous as tout pris jusqu'à votre âme durant des siècles et vous vous retrouvez plus bas que terre et que l'on vous dénie votre humanité et que aujourd'hui encore vous bataillez pour obtenir plus de droits (oui car le respect, la dignité parfois on nous le refuse) laissez moi vous dire que la moindre chose, le moindre comportement social à un impact dans ces cas là.

Comme vous le savez tous, où du moins l'avez constaté.
Le monde perd chaque jour de son originalité, mais ce n'est pas étonnant car au fond rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme alors jusque là...nihil nove sub sole*
(rien de nouveau sous le soleil).
Et les réseaux sociaux accentuent cette impression de perte de souffle, de perte de créativité, plus haut je vous aient ainsi fait le portrait d'une Baddie car ces femmes là sont en quelque sorte des répliques les unes des autres en un peu plus améliorée, et les jeunes filles nous qui nous identifions à elle nous tombons facilement dans la reproduction de leurs comportements (moi-même je me suis prise à ce jeux là) en quête d'une telle beauté qui pourtant est passée souvent sur le billard qui a parfois été travaillée par des applications avant que le cliché soit posté.
Mais peu importe, cela n'arrête pas la quête vers la ressemblance de ce reflet si parfait d'une femme noire à la beauté conquérante qui met tout le monde enfin d'accord.

Si ce modèle devant nous était parfait, je dirais il n'y a pas de problème, aucun danger, fonçons devenons la femme noire irrésistiblement parfaite du 21ème siècle.
Mais il y a un hic comme toujours dans cette euphorie du
"Black is magic"... c'est maintenant que vous savez çà
"Black is beautiful" Amen
 "Melanin poppin" Oh seigneur
"darkskinbaddie" enfin bref....

Il y a un gros malaise, comme une anguille sous roche...quelque chose qui cloche , et ce quelque chose ne sent du tout pas bon.
Et cela commence à m'excéder.

Le cerveau à force de voir les mêmes images, les mêmes poses lascives, sexuelles rentrent dans l'accoutumance et mon cerveau à fini par comprendre que cette image de la femme noire mise en avant pour sa "beauté" reposait sur des critères passéistes, vestiges coloniaux, détritus esclavagistes toujours les mêmes!
Ces critères d'EXOTISME, de SEXUALITE débridée, d'OPULENCE, toutes ces  jeunes femmes se dénudent beaucoup pour "mettre en valeur" leur teint chocolat chaud... (c'est Dieu qui donne). 
Dans des maillots de bain empruntant souvent des tissus tels que le Kente, le Wax ou le Madras rappelant leurs origines "exotiques", s'affutant parfois quand l'été arrive de nos jolies tresses aussi (que j'ai arborée tout l'été durant) et qui mettent en avant toujours cette ascendance africaine qui aura toujours l'air exotique dès lors qu'on vit hors de l'Afrique.
Je veux bien qu'on célèbre l'Afrique, la femme noire, je suis la première à militer pour cela.

Mais l'association de tout cela et de toutes les éloges débridées dessus, me dépassent car une femme noire ne s'exposant pas de la sorte sera soumise à tous les préjugés possibles que nous subissons depuis des années et que je ne tiens même pas à illustrer.
Mais une femme noire plantureuse qui  répond aux standards d'exotisme tant loués celle la va s'attirer les faveurs de tous et sa noirceur hier tant détestée comme par magie devient lumineuse et magique et comme par effet domino créé par les réseaux sociaux comme je l'ai dit on s'identifie à ceux qui nous ressemblent et plusieurs jeunes filles vont croire que s'exhiber car au bout d'un moment c'est clairement de l'exhibition, celle-ci vont croire que pour sortir de cette "noirceur" obscure et passer au melanin magic, il n'est pas bien grave de dévoiler quelques centimètres de peau, de se déhancher fesses au vent sur du shoki shoki, se tartiner le corps d'huile et creuser sa cambrure et hop le tour est joué.
C'est écoeurant et je suis lasse.

Car la condition de la femme noire ne change pas, on passe simplement d'un versant à un autre de cette tragédie qui dure depuis bien trop longtemps, de la négrophobie, on passe à la négrophilie et la femme dans tout cela son statut ne change pas.
Un objet hier, un objet aujourd'hui.

Ce qui me dérange d'autant plus c'est la popularité et le nombre conséquent toujours en augmentation de ces femmes qui bien que certaines soient bien diplômées et qu'elles aient de belles carrières car je ne critique pas du tout leurs parcours mais plutôt cette image qu'elle renvoie de nous les femmes noires et de ce modèle qui pour moi n'est pas sain et semble devenir la norme, un standard de beauté noire la femme foncée plantureuse qui dévoile tout et sexualise son corps "sous l'étiquette du black is  Magic" c'est la porte ouverte à la résurgence de tous ces clichés bestiaux auxquels on avait réduit l'homme et la femme noire. 
Un simple corps, sans cerveau, sans esprit, sans sentiments.
Un corps proche de l'ustensile de l'outil de travail d'ailleurs c'était tout le propre de l'esclavage qui a fait de nous des objets niant notre humanité.
Et dans cette apologie du corps noir souvent callipyge huileux j'ai ce malaise qui me secoue et me donne la nausée.
C'est à cela et cela donc qu'une femme noire doit aspirer ressembler pour trouver grâce aux yeux de la société.
Un objet de fantasme, pour récolter des éloges sur la grâce de ces traits, des éloges sur la couleur chatoyante de sa peau.
Non ce n'est pas à cela que moi et bien d'autres femmes noires aspirant.

L'homme comme la femme noire sont en ébullition, en reconstruction, l'histoire à laissée des plaies béantes et ces plaies ne sont même pas arrivées au processus de cicatrisation.
Notre communauté se rassemblent chaque jour un peu plus de génération en génération c'est la marche vers la guérison, la fierté qui se reconstruit chaque jour un peu plus fort, chaque jour un peu plus profondément, le cap n'est pas encore bien définit mais ce qui es sur c'est que notre reconstruction ne peut pas passer par ce culte du corps, cette matérialisation de désirs qui au fond ne sont pas les nôtres, cette sexualisation à outrance qui nous dépasse et nous as toujours dépassé.

La traite négrière et la colonisation ont laissés des traces profondes y compris sur les désirs, l'homme blanc esclavagiste, devenu colon, devenu bon samaritain devenu éducateur de nos désirs, de nos pensées, devenu éducateur de notre accouplement, cette attirance de l'homme et de la femme noire envers le blanc ardemment, cette prétention qu'on a inculqué à nos hommes de n'êtres que des phallus toujours prêt a s'élever toujours prêt a se noyer dans les plaisirs charnels ce n'est pas nous tout çà et nous les femmes noires serions nous en somme des bêtes de sexe, réduite à tout révéler en leur laissant se rincer l'œil quand bon leur semble NON.

Dans ce refus de se soumettre à de tels standards la femme noire doit tracer sa voie non pas vers la reconnaissance de sa mélanine de sa couleur mais faire abstraction de cette peau l'oublier car il n'y a rien à prouver nous sommes noires c'est un fait une réalité, d'hier d'aujourd'hui et de demain ce n'est pas un étendard alors ne restons pas cantonné a ce qui nous as été assignés par cette immatriculation qu'es notre peau.
Agissons comme des femmes avec élégance classe et respect.
Melanin is magic...Yes honey "femme nue femme noire vêtue de ta couleur qui est vie..."
Léopold Sédar Senghor bien qu'ayant succombé au fruit blanc si défendu l'a reconnue cette peau que nous portons est belle si belle qu'elle doit être honorée, respectée et non pas vénérée de manière obscène et déviante et si certaines personnes la vénère de manière débridée, inutile de leur donner du grain à moudre en retour.

Le défi de la femme noire aujourd'hui est double s'affranchir des standards imposés par la société et embrasser sa féminité de manière à ce que le critère de féminité ne réside pas uniquement dans cette peau noire affublée de presque rien.
On ne naît pas sexy...on le devient c'est un état d'esprit
On n'est pas sexy parce qu'on est noire.
Et féminité ne rime pas avec sexy
Et sexy ne rime pas avec vulgarité
Tout est une question de dosage à tous les niveaux.
Et j'ai peur qu'en étant matraqué en permanence de tels amalgames de cette sexualisation débridée la femme noire finisse par se perdre surtout nous dans la jeunesse et la dans la vingtaine c'est compliqué les filles.

 En ce qui me concerne j'ai toujours été féminine, girly quand j'étais petite et tous les trucs, rose strass poupée c'est moi et aujourd'hui dans la vie de tous les jours je me sens, belle, sexy (ah Narcisse lache moi non)  je me sens à l'aise avec mon corps et j'ai pas de problème a révéler de la peau voire beaucoup trop de peau au grand dam de mon père (tonton veut même porter plainte contre newlook et les jupes mini-mini de l'enseigne) soit c'est son point de vue.
Pour mettre en valeur ma féminité je ne ressens pas le besoin criant de jouer avec ma noirceur pour être sexy, pour que je me sente magique dans ma mélanine!

Sauf que à un moment donné ce n'était pas le cas j'en ai la nette impression aujourd'hui...
en arrivant sur les réseaux sociaux il y a deux ans  je me suis sentie mal bêtement j'ai commencée à me dire que ahlala Eulo tu donnes pas assez de melanin magic cocotte, révèle toi et en prenant pour modèle ces nanas moi la fille qui était assez prude quand même au fur et à mesure mon look s'est beaucoup affuté et je sais que mon look actuel qui parfois peut être ostensiblement sexy n'est pas vraiment le résultat d'un libre arbitre total , je ne peut pas dénier l'influence qu'ont eu ces "modèles de femmes", aujourd'hui bien qu'étant à l'aise dans mes mini -mini et avec mes "mondes au balcon" qui comprendra saura..;)
J'ai assez de recul maintenant pour comprendre que vouloir être sexy doit être un désir propre, un désir de femme et pas un objectif, pas une quête vers une reconnaissance de nos pairs humains, de nos pairs masculins car au-delà d'être noires nous sommes des êtres humains et si j'écris cet article c'est pour tirer la sonnette d'alarme et alerter les filles de mon âge qui se cherchent encore les filles plus jeunes qui idéalisent les gurus, trouvez votre voie, votre style, votre sex-appeal sans vouloir être une réplique vulgaire d'un modèle en rupture de stock qui ne respecte pas votre identité propre et met à terre votre éducation.


Bisous sucrés,

Love, Euloria





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