17 avril 2018

Bantutalk Black Dolls la collection Deborah Neff...un must to see?



Mboté mes bénés!
J'espère que vous allez bien, je vous retrouve aujourd'hui pour un nouvel article, un bantutalk artistique pour vous présenter une exposition à laquelle j'ai assistée ce week-end "Black dolls la collection Deborah Neff"
à la galerie "La maison rouge" à Paris.

J'avais lu un article consacré à cette exposition dans les Inrocks qui avait réveillé ma curiosité.

Tout d'abord par son caractère inédit en effet c'est la première fois que la collection est exposée hors des États Unis et puis par ce caractère même de la poupée qui m'a intriguée.

Je m'intéresse beaucoup à la traite négrière transatlantique et la traite négrière orientale dans leurs aspects meurtriers de domination, de l'asservissement d'une race et quand j'y pense je vois des hommes, des femmes et adolescents, jeunes adultes, vieillards et à tort j'oublie les enfants mon esprit à du mal à les placer dans ce concept d'horreur qu'est la condition de l'esclave. Mais les enfants ont bien été là ont bien subit les brimades et les discriminations qui ont en découlées,et ces poupées en sont les témoignages. Miroir d'une réalité passée sous silence, occultée ou même déniée. Car dans mon cas mon esprit s'est figé dans une sorte de déni de l'existence des enfants dans ce chaos.

Mais ils étaient bien là du début à la fin et comme tous les enfants ceux ci avaient besoin de loisirs de jouets pour canaliser leur affection débordante d'ange étouffée dans un monde qui ne voulait pas d'eux. Et quoi de mieux qu'une poupée pour jouer à la maman quoi de mieux qu'une poupée pour partager les premiers secrets et les premiers doutes de la vie.


Nourrisson emmailloté
La poupée est un objet commun à toutes les civilisations du petit chiffon artisanal à la poupée barbie sophistiquée elle se décline partout et pour tous les enfants , ainsi il est normal que comme tous les autres enfants les bambins noirs des états unis se soient vu octroyés ce petit jouet et c'est ces objet témoins d'un passé qui ne passera jamais à mes yeux que nous livrent cette exposition.

Cette collection de poupée à été rassemblée durant 25 années par l'avocate afro-américaine Deborah Neff ces poupées ont été conçues entre 1840 et 1940 par les afro américains pour leurs enfants et pour les enfants blancs qu'elles gardaient.

C'est avec une émotion toute particulière que j'ai arpentée chaque mètre carré de cette exposition les poupées ont été mise en place de manière très intimiste dans un cadre feutré et tamisé parfois très sombre comme pour permettre le recueillement dans la pénombre sur les heures de notre histoire à nous les noirs et plus encore sur l'histoire de l'humanité.
Des photos viennent mettre un visage sur ces enfants blancs et noirs qui un jour ont sans doute manipuler des poupées similaires à celles exposées et qui ont déjà entre les mains ces poupées noires. 

J'ai eu deux points culminants durant cette exposition deux points de tensions où des frissons m'ont traversés tout le corps.



La poupée qui pleure dans sa robe de flanelle blanche





D'abord lorsque mes yeux ont croisés ceux de "la poupée qui pleure" une petite fille dans une robe de flanelle blanche à ses yeux déjà triste deux larmes ont été peintes sur ces joues. C'était littéralement insoutenable pour moi, je n'arrive toujours pas à exprimer ce que j'ai ressentit à ce moment là mais c'était vraiment intense.










Le second point culminant de mon expérience de l'exposition est le moment où j'ai lu cette phrase de Marcus Garvey écrite sur l'un des murs 


Mères, donnez à vos enfants des poupées qui leurs ressemblent , pour qu'elles jouent avec et  les câlinent , afin qu'elles apprennent à aimer lorsqu'elles grandiront leurs propres enfants.

C'est avec une résonnance toute particulière qu'elle a fait écho en moi.
Moi qui petite bien que née en Afrique je n'ai jamais tenue entre mes mains de poupées noires, j'ai toujours jouée avec des poupées blanches des Barbies aux long cheveux lisses et blonds aux yeux bleus à la bouche rose au teint blanc pâle ou hâlé mais jamais foncé comme le mien. 
Ayant grandie dans un foyer modeste je n'ai pas eu beaucoup de jouets étant petite mais mes  parents se sont toujours arrangés pour me permettre d'avoir au moins une poupée à Noël, une barbie du marché ou un poupon blanc dodu je n'ai jamais eu de jouets de personnages noirs et je me rends compte que cela a jouée sur ma manière de me percevoir petite.
Une belle femme noire pour moi à l'époque devait avoir les traits fins, la peau claire, aussi proche que possible d'une Barbie.
Je trouvais les femmes métisses et ouest-africaines très jolie pour leurs traits souvent plus fins que les miens, mais moi petite boucantière d'Afrique centrale au visage rond au nez présent et lèvres charnues je n'aimais pas ces aspects de mon physique qui me montrait que jamais je ne serais belle comme les poupées que j'affectionnait tant.


Et c'est seulement en grandissant en arrêtant de jouer à la poupée que j'ai commencée à m'aimer à apprécier ce que dieu m'avais donnée en découvrant des nouveaux standards de beauté qui jusque-là m'étaient innacessibles notamment par le biais d'Internet, des réseaux sociaux et puis par l'affirmation de ma personnalité aussi..
***Petite anecdote, fun fact: aujourd'hui on me dit souvent que j'ai un visage de poupée mais pas de poupée Barbie on me compare toujours à une poupée Bratz***

(.....hum les poupées là ont des grosses têtes vraiment... mais bon c'est joli quand même donc çà me va ahah) comme quoi la barbie n'a plus le monopole çà peut paraître insignifiant mais cela révèle déjà  un changement dans le subconscient collectif qui laisse une place à d'autres types de beauté.


Et pour en revenir à cette citation de Marcus Garvey je pense qu'il est vraiment nécessaire que les petites filles qu'elles soient noires, blanches, asiatiques ou métisses puissent jouer avec des poupées qui leurs ressemblent, des poupées dans lesquelles elles peuvent se projeter, car aimer une poupée qui nous ressemble c'est déjà apprendre à s'aimer et à aimer ce qui fait de nous ce que l'on est dans notre individualité.
Aimer son physique c'est un élément clé dans la confiance en soi, avoir confiance en soi c'est la clé pour laisser exprimer nos talents, le courage pour atteindre nos ambitions et surtout nous permettre d'avoir de l'ambition.
Sans un minimum de confiance soi dans la vie, chaque obstacle finit par devenir une montagne, une montagne qui finit par devenir infranchissable et on se décourage et on échoue avant même d'avoir commencé à grimper.


Petite fille noire et sa poupée blanche
D'où la nécessité d'inculquer aux enfants noirs dès le berceau à jouer avec des êtres qui leur ressemblent pour en faire des êtres plus combatifs demain qui seront prêt à gravir ces montagnes qui
pour nos parents ont été infranchissables.
Aujourd'hui nous commençons à les gravir, certains arrivent au sommet mais que demain ces exceptions finissent par devenir la norme pour tous les enfants noirs comme jaunes, comme blancs.

Après il y a un point que je n'oublie pas c'est le coût et l'attrait même de ces poupées.

Comme je l'ai expliquée j'ai été élevée dans un foyer modeste, mes parents jeunes immigrés fraîchement arrivés avaient bien d'autres chats à fouetter que de me trouver des poupées noires, l'essentiel c'était de me trouver des jouets à bon prix avec lesquelles je pourrais m'amuser et les poupées typées (noires, asiatiques, métisses) coûtent beaucoup plus chers que les poupées standards Barbie qu'ont peut trouver pour quelques euros dans n'importe quel marché, or pour les autres on arrivent parfois au quadruple du prix, en toute objectivité économique les foyers d'immigrés (noirs asiatiques) sont les plus modestes de ce fait les jouets peuvent souvent être un luxe et peut-on réellement blâmer les parents qui à défaut de pouvoir offrir une poupée dans laquelle leur enfant pourra se projeter arrivent quand même à lui en procurer en se privant parfois pour que l'enfant puisse passer un noël comme les autres avec des jouets comme les autres enfants.
Et surtout que cette question pour la plupart des parents est insignifiante poupée blanche, poupée noire, un jouet reste un jouet, ils ne voient pas forcément l'enjeu social, politique et existentialiste de la chose.
De plus elles sont disponibles dans très peu de grandes surfaces, il faut parfois avoir recours au e-commerce  pour s'en procurer ce qui tout de suite peut installer une distance avec les potentiels acheteurs et de ce fait les rendre d'office impopulaires.


Et puis en question d'attractivité il y a le regard des enfants, très important.
Une étude américaine réalisée en 2005 sur des enfants noirs montrent à quel point la poupée blanche représente encore ce qu'il y a de positif contre la poupée noire qui apparaît négative quitte à choisir il se sont pratiquement tous tournés vers la poupée blanche perçue comme étant plus jolie et plus gentille.
C'est tout un subconscient de l'enfant qui est ainsi déjà conditionné et de ce fait cette phrase de Marcus Garvey prend tout son sens aujourd'hui plus que jamais il est nécessaire que les mères et pères d'aujourd'hui et plus encore nous, les mères et pères de demain soyons capables d'inculquer ces valeurs de l'amour de soi de ce que l'on est à travers de petites choses qui à l'allure insignifiantes comme de modestes poupées  peuvent influer sur l'estime personnelle des enfants et leur permettre de mieux prendre en main leur futur en drainant leur confiance en leurs atouts et capacités.


So mes bénés, je vous laisse méditer sur cet article et surtout je vous invite vivement à vous rendre à la galerie pour contempler ces poupons de l'histoire.
So, yeah that's a must to see!

Exposition "Black dolls" la collection Deborah Neff
10, Boulevard de la Bastille
75012 Paris
Métro 5 Quai de la Rapée
(5min à pied de la gare de Lyon)
Tarif: 10 euros
Etudiant: 7 euros (sous justificatif)
Enfants -13 ans: Gratuit

Bisous sucrés, Love, Euloria

  


15 avril 2018

Rayé comme jamais



Mboté mes bénés !



J'espère que vous allez bien je vous retrouvé aujourd'hui pour un article mode sur ma tenue d'hier que j'ai portée pour l'anniversaire de ma petite cousine et qui ma foi n'était pas si mal... So j'ai décidé de faire un article outfit ça faisait longtemps !:)
Les beaux jours sont de retour spring daddy et donc on commence à tomber les vestes la ça fait du bien les peaux noires en manque de soleil et vitamine D veulent capter le moindre rayon et faire poppin la mélanine c'est chaud mon frère!

So, comme il a fait beau j'ai décidée de porter une combinaison de chez Bershka que j'avais commandée depuis un bout de temps déjà...mais que je n'avais pas encore eu l'occasion de porter d'ailleurs elle est encore en promo sur le site, je l'ai accessoirisée avec une sacoche toujours de chez Bershka et des vielles creepers que j'avais déniché sur Asos pour décontracter le tout c'est l'anniversaire d'un petit enfant quand même on ne va pas arriver avec les louboutins et les westons... même si congolais est capable;)...
So mes bénés j'espère que ce look printanier vous plaît et vous inspire pour cette belle saison.



Bisous sucrés, Love, Euloria

Combinaison/ Jumpsuit: Bershka
Chaussures/ Shoes: Asos
Sacoche/ Bag: Bershka

12 avril 2018

Bantutalk: L'intersectionnalité, la brèche vers un féminisme plus universaliste?




 "Il n'y a pas de lutte à problème unique, car nous ne vivons pas de vies à problème unique" 
Audre Lorde

Mboté mes bénés,
J'espère que vous allez bien je vous retrouve aujourd'hui pour un bantutalk en lien avec le précédent que j'ai fait "Aint' I a woman".
Aujourd'hui mon article va traiter plus profondément d'un aspect que j'avais simplement effleurée dans mon article précédent, en effet j'avais clôt en disant que j'étais femme et noire à la fois soumise au sexisme du fait de ma condition de femme et au racisme du fait de ma condition de noire.
Et en relisant mon article je me suis dit qu'il serait utile de traiter de cette constatation qui porte un nom, Intersectionnalité.

L'intersectionnalité.

C'est l'étude de ces deux facteurs que j'avais décrit (femme et noire) non pas comme étant une addition sexisme plus racisme mais une alliance oppressive de plusieurs discriminations que l'on subit de manière simultanée qui se conjuguent entre elles s'appuient l'une sur l'autre tendant à s'amplifier et trouvant leur justification l'une dans l'autre certains parlent d'identités multiplicatives.
Ce dont j'ai parlée précédemment est l'intersectionnalité entre le fait d'être femme et d'être noire.

Le terme d’intersectionnalité a été pensé par l'écrivaine et juriste féministe afro-américaine Kimberley Crenshaw dans les années 90 "Cartographies des marges : intersectionnalité, politique de l’identité et violences contre les femmes de couleur"

Beaucoup de féministes blanches et sociologues blancs ont critiqués cette approche du féminisme noir appuyé sur la notion d'intersectionnalité de la synergie entre le racisme et le sexisme Mais sans pour autant nier la synergie entre différentes autres discriminations visant une personne (une femme handicapée) l'intersectionnalité se situe dans les liens que peuvent tisser sa condition de femme et sa situation de handicap.

L'intersectionnalité apparaît lorsqu'une discrimination fait jour et que la personne discriminée
 en revient à se demander:
Me refuse t'on cet emploi car je suis femme ou car je suis noire?
Me refuse t'on cet emploi car je suis femme où car je suis handicapée?

Pour ma part penser le féminisme des femmes noires comme un féminisme intersectionnel va de soi car c'est la seule manière qui me semble pour moi à même de nous amener vers une indépendance en tant qu'être humain de sexe féminin à la peau noire mais aussi à amener à une prise de conscience de toutes les femmes elles-mêmes et des sociétés dans lesquelles elles vivent de la conjugaison de tous ces facteurs qui sont un frein pour le développement de multiples sociétés mais également un frein à l'élimination de ces discriminations car ce qui est révélé est déjà amoindrit, en acceptant l'intersectionnalité on laisse une place à des catégories de femmes, auxquelles le féminisme lambda n'accorde pas d'importance, or dans cette grande ère d'échanges d'entrecroisement de cultures dans laquelle nous sommes, Paris n'est plus tout blanc et Brazzaville n'est plus tout noir, les cultures s'entrechoquent nous voilà dans le fameux choc des civilisations de Samuel Huntington, ignorer les facteurs culturels, raciaux, sexuels au non d'une homogénéisation de la femme est d'une sainte idée du féminisme type placée sur un piédestal est une grave erreur.

En effets certains voient en l'intersectionnalité un racisme un repli communautaire, une hiérarchie de luttes au sein du mouvement féministe lui même (K.Mersch l'intersectionnalité, un racisme inversé)
Les féministes traditionnelles blanches ne pouvant prétendre à l'intersectionnalité tout naturellement la récuse en se disant de manière tout à fait fausse et désespérée que du point de vue intersectionnel leur propre combat perdra tout de suite de sa valeur et de son importance car d'autres femmes ont des "défauts" plus gros encore que celui d'être femme, mais souffre des préjugés liés à une couleur de peau, liés à une religion, liés à une condition physique, lié à une orientation sexuelle.
Mais cette crainte stérile ne vient que mettre en lumière un ethnocentrisme et au fond un dédain pour celles qui ne correspondent pas au modèle établit et de facto les excluent délibérément.
Alors dans cet état de fait comment se dire féministe si on ne veut pas l'émancipation de toutes les femmes comment se dire féministe sans prendre en compte les facteurs de pressions que subissent des femmes qui ne nous ressemblent pas et ensuite prétendre parler au nom de toutes les femmes, dans une universalité qui moi me dérange car non je ne m'y reconnait pas comme des milliers d'autres femmes.

Sans le facteur de l'intersectionnalité pris en compte devant nous se dresse simplement un féminisme creux qui exclut plus qu'il ne rassemble.

So, mes bénés j'espère que cet article vous aura éclairé sur ce sujet et je vous laisse vous faire votre propre avis sur cette question .

Bisous sucrés, love Euloria.