12 avril 2018

Bantutalk: L'intersectionnalité, la brèche vers un féminisme plus universaliste?




 "Il n'y a pas de lutte à problème unique, car nous ne vivons pas de vies à problème unique" 
Audre Lorde

Mboté mes bénés,
J'espère que vous allez bien je vous retrouve aujourd'hui pour un bantutalk en lien avec le précédent que j'ai fait "Aint' I a woman".
Aujourd'hui mon article va traiter plus profondément d'un aspect que j'avais simplement effleurée dans mon article précédent, en effet j'avais clôt en disant que j'étais femme et noire à la fois soumise au sexisme du fait de ma condition de femme et au racisme du fait de ma condition de noire.
Et en relisant mon article je me suis dit qu'il serait utile de traiter de cette constatation qui porte un nom, Intersectionnalité.

L'intersectionnalité.

C'est l'étude de ces deux facteurs que j'avais décrit (femme et noire) non pas comme étant une addition sexisme plus racisme mais une alliance oppressive de plusieurs discriminations que l'on subit de manière simultanée qui se conjuguent entre elles s'appuient l'une sur l'autre tendant à s'amplifier et trouvant leur justification l'une dans l'autre certains parlent d'identités multiplicatives.
Ce dont j'ai parlée précédemment est l'intersectionnalité entre le fait d'être femme et d'être noire.

Le terme d’intersectionnalité a été pensé par l'écrivaine et juriste féministe afro-américaine Kimberley Crenshaw dans les années 90 "Cartographies des marges : intersectionnalité, politique de l’identité et violences contre les femmes de couleur"

Beaucoup de féministes blanches et sociologues blancs ont critiqués cette approche du féminisme noir appuyé sur la notion d'intersectionnalité de la synergie entre le racisme et le sexisme Mais sans pour autant nier la synergie entre différentes autres discriminations visant une personne (une femme handicapée) l'intersectionnalité se situe dans les liens que peuvent tisser sa condition de femme et sa situation de handicap.

L'intersectionnalité apparaît lorsqu'une discrimination fait jour et que la personne discriminée
 en revient à se demander:
Me refuse t'on cet emploi car je suis femme ou car je suis noire?
Me refuse t'on cet emploi car je suis femme où car je suis handicapée?

Pour ma part penser le féminisme des femmes noires comme un féminisme intersectionnel va de soi car c'est la seule manière qui me semble pour moi à même de nous amener vers une indépendance en tant qu'être humain de sexe féminin à la peau noire mais aussi à amener à une prise de conscience de toutes les femmes elles-mêmes et des sociétés dans lesquelles elles vivent de la conjugaison de tous ces facteurs qui sont un frein pour le développement de multiples sociétés mais également un frein à l'élimination de ces discriminations car ce qui est révélé est déjà amoindrit, en acceptant l'intersectionnalité on laisse une place à des catégories de femmes, auxquelles le féminisme lambda n'accorde pas d'importance, or dans cette grande ère d'échanges d'entrecroisement de cultures dans laquelle nous sommes, Paris n'est plus tout blanc et Brazzaville n'est plus tout noir, les cultures s'entrechoquent nous voilà dans le fameux choc des civilisations de Samuel Huntington, ignorer les facteurs culturels, raciaux, sexuels au non d'une homogénéisation de la femme est d'une sainte idée du féminisme type placée sur un piédestal est une grave erreur.

En effets certains voient en l'intersectionnalité un racisme un repli communautaire, une hiérarchie de luttes au sein du mouvement féministe lui même (K.Mersch l'intersectionnalité, un racisme inversé)
Les féministes traditionnelles blanches ne pouvant prétendre à l'intersectionnalité tout naturellement la récuse en se disant de manière tout à fait fausse et désespérée que du point de vue intersectionnel leur propre combat perdra tout de suite de sa valeur et de son importance car d'autres femmes ont des "défauts" plus gros encore que celui d'être femme, mais souffre des préjugés liés à une couleur de peau, liés à une religion, liés à une condition physique, lié à une orientation sexuelle.
Mais cette crainte stérile ne vient que mettre en lumière un ethnocentrisme et au fond un dédain pour celles qui ne correspondent pas au modèle établit et de facto les excluent délibérément.
Alors dans cet état de fait comment se dire féministe si on ne veut pas l'émancipation de toutes les femmes comment se dire féministe sans prendre en compte les facteurs de pressions que subissent des femmes qui ne nous ressemblent pas et ensuite prétendre parler au nom de toutes les femmes, dans une universalité qui moi me dérange car non je ne m'y reconnait pas comme des milliers d'autres femmes.

Sans le facteur de l'intersectionnalité pris en compte devant nous se dresse simplement un féminisme creux qui exclut plus qu'il ne rassemble.

So, mes bénés j'espère que cet article vous aura éclairé sur ce sujet et je vous laisse vous faire votre propre avis sur cette question .

Bisous sucrés, love Euloria.





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